Le Eastern States 100 Miles: pas pour les doux!



Ce weekend, je prenais part à ma deuxième course de 100 Miles au Eastern States 100 qui avait lieu dans le magnifique Little Pine State Park dans la région centrale de la Pennsylvanie. Une course qui en était à sa première édition mais qui était déjà annoncé comme étant le 100 Miles le plus dur de l'Est des États-Unis avec ses 6000 mètres de dénivelé à monter (et aussi à descendre).

Comme athlète et comme coureur, on est souvent à la recherche de la ''course parfaite''. Je crois avoir atteint cet état (ou presque). Voici comment ça c'est passé:

Vendredi am: conversation avec le douanier:

Douanier: Hi Sir, How are you?

Moi: Not bad, yourself?

Douanier: Good! Where are you going and why?

Moi: I'm going to Waterville, Pennsylvania to run a 100 Miles foot race

Douanier:....

Douanier: Why would you do that?

Moi: Because I like it!

Douanier à l'autre douanier: This dude is going to run a 100 Miles!

Douanier à moi: Have a good one!

Avant-course (vendredi):


Après un peu plus de 9 heures de route incluant quelques arrêts, mes parents et moi sommes arrivés au chalet situé à une vingtaine de minutes du lieu de départ de la course. Mes parents sont venus avec moi afin de me prêter main forte dans les stations de ravitaillement et ainsi jouer le rôle d'équipe technique (crew). Une fois arrivé au chalet, on s'installe et souper de pâtes avant d'aller chercher ma trousse de coureur et d'assister à la réunion d'avant-course.

En arrivant sur le site, je suis allé m'enregistrer et ramasser mon sac du coureur avec des chouettes cadeaux (camisole, casquette, bas, collant pour auto, etc.). Le dossard et la pesée auront lieu le matin de la course. Un peu avant la réunion, j'en profite pour aller jaser un peu avec Stéphane S., le seul autre coureur québécois inscrit à cette course. J'ai eu la chance d'aller faire une grosse sortie dans les sentiers de Sutton avec lui au mois de mai. Un chic type!

La réunion d'avant-course est assez courte. Le blabla habituel sur les risques associés aux sentiers, les blessures, les stations de ravitaillement, les évaluations médicales, le balisage des sentiers (rubans orange et bandes réfléchissantes pour la portion de nuit). Dans cette course, les pesées ne sont pas obligatoires mais demeurent un excellent indicateur de notre état d'hydratation alors il vaut mieux en profiter. Une perte de poids de moins de 2 à 3% demeure correcte, tandis qu'à 5%, il faut s'arrêter et bien se réhydrater et manger. L'équipe médicale se réserve quand même le droit (et le devoir) de nous évaluer s'ils ont des doutes sur notre état.

Une fois la réunion terminée, l'excitation était à son comble! Nous sommes ensuite retourné au chalet et en avançant tranquillement dans la petite route de terre, on pouvait distinguer une grosse tache noire! Un ours! Il a fini par repartir dans le bois en courant et nous nous sommes dépêchés à rentrer dans le chalet. J'espérais fortement que ce soit le dernier que je vois pour le weekend (lisez la suite pour le découvrir...). Little Pine State Park est également reconnu pour ses serpents à sonnette (21 espèces au total dont 3 venimeuses) et selon certains dires, ils sont plutôt nombreux cette année. Je vais devoir être vigilant!

9h00: heure du dodo car le lever est prévu pour 3h00, histoire de déjeuner et de se rendre au site du départ pour 4h15. Étonnamment, j'ai réussi à relativement bien dormir!

Avant-course (samedi):

Lever à 3h00, je m'habille et petit déjeuner. Je suis dans ma bulle et motivé plus que jamais. J'ai hâte de découvrir les sentiers et la beauté des paysages.

Une fois arrivé sur le site, avant même d'aller chercher mon dossard et d'aller me faire peser, pit-stop à la toilette. Heureusement, la file est courte et j'ai encore beaucoup de temps avant le départ. Je vais ensuite chercher mon dossard que j'épingle sur mes shorts que je prévois porter tout au long de la course. Par contre, je prévois 3 à 4 changements de chandail pour un meilleur confort. Je monte ensuite sur le pèse-personne et le résultat indique 149,8 livres (souliers inclus). Ils écrivent ensuite le poids sur le dossard et me voilà prêt à partir. L'an dernier au Vermont 100, je pesais sensiblement le même poids.

Je rejoins ensuite Stéphane. Nous discutons un peu. L'excitation est à son comble chez l'ensemble des coureurs qui s'apprêtent à relever un défi de taille.

Départ à Ravito #2: Ramsey (11 Miles = 17,7 Km):

Le départ est donné à 5h du matin et le premier Mile se coure sur l'asphalte. Je pars avec Stéphane à un rythme pas trop vite et pas trop lent, histoire de profiter de cette section rapide avant que ça se gâte. On bifurque ensuite dans un terrain de camping pour se diriger vers les sentiers dans le bois. Le premier 6 km se déroule sans embûche avec un sentier pas trop technique et une petite montée graduelle. Dans cette portion, on arrive à un endroit où l'on cherche les rubans. Je coupe un peu pour rejoindre un sentier que j'aperçois en haut d'une petite côte et je reprend la route. J'ai sauvé à peine quelques mètres en coupant et un coureur derrière me dit en blaguant: ''You're cheating, I will report you to the next aid station''. Je lui répond: ''The course is 100.8 miles long, gotta take back that .8 miles'' et il part à rire. L'ambiance est bonne et la journée le sera aussi. Sur cette section, on peut voir une pancarte qui indique: Sky top aid station 77.7 miles ahead. Ils ont placé des pancartes un peu partout sur le parcours pour annoncer la venue de cette station de ravito! Ça promet d'être tout un party (ou pas rendu à 82 Miles)!

Au bout de ce sentier plat, nous arrivons face à un mur. Par mur, je parle d'une côte qui monte d'environ 250-300 mètres sur l'espace de seulement un mile. Je marche d'un bon pas et tout d'un coup je me fais piquer sur la cuisse par une abeille. Heureusement, je ne suis pas allergique. Ça chauffe mais je me dis que ça va me faire oublier les autres douleurs! Je monte à un bon pas de marche et je souhaite à Stéphane une bonne course, au cas où on ne se reverrait pas. En haut de la côte, il y avait une section assez roulante menant au premier ravito. J'accélère le pas pour en profiter. En arrivant au premier ravito, je ne m'éternise pas: petit verre de gatorade et quelques pretzels et on repart!

S'en est suivi une bonne descente graduelle et pas trop technique: une vraie partie de plaisir. Au bout de la descente, Stéphane me rejoint et une autre montée nous attend mais cette fois, plus graduelle et moins ardue. Voici un aperçu du dénivelé du parcours avec chaque côte ayant été numéroté de 2 à 4 (2 étant plus difficile et 4 étant plus facile). C'est un bon outil à avoir afin de gérer son effort et de savoir à quoi s'attendre, quoi que parfois il ne vaut mieux pas le regarder.


Mon autre outil de travail pour cette longue journée au bureau  (jumelé à une montre chrono) était ma ''pacing chart'' qui m'indiquait les temps de passage en fonction du temps final. Bien que mon objectif premier était de terminer, je visais près du 30 heures.


Revenons à la course. Je commence à monter à un assez bon pas et encore une fois Stéphane demeure un peu derrière. En haut de la côte, une petite section plate et roulante dans laquelle on peut voir les nuages qui sont au-dessous de nous (à couper le souffle!) S'en est suivi d'une descente assez technique et à pic mais ô combien plaisante. Cette descente mène au deuxième ravito (Ramsey) et Stéphane me rejoint encore une fois. Je suis plus rapide dans les montées et lui, plus rapide dans les descentes. Sommes nous destinés à jouer au chat et à la souris toute la journée (et la nuit)? Je profite du ravito pour manger une banane et nous repartons, Stéphane, un autre coureur (que je recroiserai au Mile 82) et moi.

Ravito #2 (Ramsey) à Ravito #3 (Lower Pine Bottom) (17,5 Miles = 28,2 km):

Qui dit station de ravitaillement sur le bord d'une route dit montée à venir. En effet, après seulement quelques centaines de mètres, un autre mur se dresse devant nous avec des sections assez à pic. Je suis content d'avoir mes manchettes car la petite brise de montagne s'avère être assez fraîche. En montant, je suis entouré de brume et de fougères, c'est tout simplement paradisiaque (la côte en moins)! En haut se trouve une bonne section assez roulante dans laquelle j'augmente la cadence. J'essaye de profiter au maximum de ces sections sans trop m'épuiser.

Un autre coureur du nom de Steve me croise et nous courons ensemble jusqu'à la prochaine station de ravitaillement qui est aussi le premier ravito avec présence du ''crew''. Je regarde ma montre: 9h05. Oups! J'avais dit à mes parents que je ne serais pas là avant 9h30. Je cherche leur voiture quelques instants et je ne la trouve pas. Je dis alors aux bénévoles : ''Can you tell my parents that they missed me because I'm on fire''. Les bénévoles partent à rire et je repars sous leurs applaudissements chaleureux!

Ravito #3 (Lower Pine Bottom) à Ravito #6  (36,5 Miles = 58,7 km):

Honnêtement, j'ai un petit blanc de mémoire! Il devait probablement y avoir des montées, des descentes, des montées, des descentes, des montées, des montées, un peu de plat, des descentes, des montées, des montées, des montées et encore des montées (ma version de chest, bras, chest, chest, bras, dos...). Je vais donc vous épargner un peu de lecture! Ahaha!

Je me rapelle par contre que j'avais très hâte d'arriver au ravito #6 pour:
1. Voir mes parents
2. Me libérer de mon sac d'hydratation et prendre une bouteille à main (il n'y avait qu'un maigre 7km entre le sixième et le septième ravito et le crew était également autorisé au 7ème ravito).

Une fois arrivé au ravito, j'en profite pour changer de chandail, enlever mon bandeau et mettre une casquette, enlever mes manchettes, boire de l'eau de coco (riche en sels minéraux).

Ravito #6 (Ritchie Road) à Ravito #7 (Hyner Run) (Mile 40,9 = 65,8 km):

En partant de Ritchie Road, on descend une petite pente graduelle surplombant une ligne électrique. Pas le paysage le plus pittoresque mais bon... On entre ensuite dans le bois où ça continue à descendre de manière très graduelle. Ça fait du bien de faire cette petite section sans sac d'hydratation et j'en profite pour me détendre les épaules.

J'arrive à la station suivante un peu moins d'une heure après et mes parents venaient tout juste d'arriver et de s'installer. Ma mère me dit: ''Vincent, ça pas de bon sens'' en voulant dire que ça va trop bien. Ça allait en effet assez bien!

Je profite d'une petite pause pour m'asseoir et appliquer un peu de vaseline dans l'entre-jambes, boire un peu de lait de coco, manger un melon d'eau. Je décide de repartir avec mon sac à dos car la prochaine section comprend un ''stretch'' de 11 km et un autre de 6 km. Surtout que la prochaine station n'est uniquement équipée d'eau.

Ravito #7 (Hyner Run) à Ravito #9 (Halfway House) (Mile 51.8 = 83,3 km):

Cette section fût probablement une des plus difficiles du parcours avec d'emblée une très longue montée qui n'est quand même pas trop abrupte mais assez abrupte pour ne pas pouvoir la courir. En plein milieu de la montée, je vois un coureur couché au sol et je lui demande s'il a besoin que je demande une assistance médicale à la prochaine station de ravito. Il me répond qu'il se repose un peu. Il avait l'air assez sauté le bonhomme.

S'en suit une section assez roulante au sommet de la montée qui se court très bien suivie d'une descente et d'autres montées abruptes dans laquelle je croise un autre coureur assis qui est étourdi. Décidément le parcours commence à avoir raison de plusieurs.

J'ai moi même expérimenté un passage à vide pendant cette interminable section. J'ai pris quelques minutes de pause au huitième ravito et j'en ai profité pour enfiler quelques cokes et manger un bon melon d'eau.

La section suivante a relativement bien été. Il faut dire qu'elle était beaucoup plus courte (6 km).

En arrivant à Halfway House, j'en profite pour changer de souliers et de bas, de chandail pour en mettre un à manche longue car la nuit ne tardera pas à se montrer le bout du nez. Je remplace ma casquette par un bandeau et ma lampe frontale.

Le moral est bon et jamais une pensée d'abandon ne m'a même effleuré l'esprit.

Ravito #9 (Halfway House) à Ravito #11 (Slate Run) (Mile 60.9 = 98 km)

Cette section se passe sans embûche et j'ai eu droit à un magnifique coucher de soleil en haut d'une montagne. J'avais hâte d'arriver au ravito #11 puisque mon pacer, Sean m'attendait pour courir du km 98 au km 125. Pacer que j'ai rencontré via un groupe sur facebook où il était possible de jumeler des coureurs et des pacers. Un pacer est un coureur qui est autorisé à nous accompagner pour une portion du parcours afin de nous encourager, de nous motiver, de nous pointer les obstacles et de nous donner un certain rythme.

Le ravito #10 ayant été annoncé comme étant seulement équipé en eau avait également du Gatorade et quelques trucs à manger. Je ne me suis pas éterniser!

Ravito #11 (Slate Run) à Ravito #14 (Blackwell) (Mile 78.2 = 125 km)

En arrivant au ravito de Slate Run vers 9h45, j'aperçois mes parents et un peu après, je rencontre Sean, mon pacer. J'en profite pour changer de bas puisqu'il y a un trou créant un léger inconfort. J'en profite aussi pour boire de l'eau de coco. J'en profite également pour me peser et seulement 3 livres en moins: it's all good!

Nous repartons et après à peine quelques mètres, nous devons traverser une rivière avec un bon débit. Certains coureurs décident d'enlever leurs souliers mais selon moi, c'est beaucoup de trouble pour rien. Ça finira bien par sécher.

S'en suit une très longue montée parfois entrecoupée de petites sections plates qui se courent. Nous marchons d'un bon pas. Une fois en haut on retrouve une petite section assez roulante et comme la fatigue commence à s'installer, j'opte pour la stratégie suivante: 7 minutes de course pour 3 minutes de marche dans les sections plates et les légères descentes. Une stratégie qui fonctionne à merveille et me permet de bien progresser sans trop ma fatiguer pour la suite. Mon pacer ne manque pas de m'encourager et me parle seulement lorsque je lui fais la conversation, ce qui me convient très bien!

Nous finissons par arriver au ravito #12 (Algerines) où ça semble être le party avec les lumières de Noël et le gros rock des années 70. J'en profite pour m'asseoir et manger un quesadilla. Je dois le reconnaître, j'ai un estomac béton. Je peux pratiquement manger ce que je veux et aucun brûlement d'estomac! Nous repartons et je mentionne à Sean que je désire poursuivre la stratégie du 7 minutes / 3 minutes, ce que j'arrive à faire pendant presque toute la prochaine heure puisque la section légèrement descendante n'est pas trop technique et se court très bien!

Nous arrivons ensuite au ravito #13 sans trop s'éterniser et la section suivante fût assez éprouvante puisqu'à partir de 2h00 du matin, une pluie diluvienne s'est mise de la partie, rendant le parcours glissant (surtout les roches avec de la mousse) et rendant la visibilité réduite. Heureusement, j'avais expérimenté ce genre de condition lorsque j'ai accompagné Martin Rouillard au Pandora 24 pendant la nuit. Lorsqu'on dit qu'il faut s'entraîner dans toutes les conditions, c'est vrai! À un certain point, nous passons devant une petite chute: de toute beauté! Sean fait un excellent travail à m'indiquer les obstacles et les portions glissantes, ce qui s'avère être une aide très précieuse dans ce genre de condition.

Nous finissons par entendre un son de cloche et des crécerelles pas très loin, signe que la 14ème station de ravitaillement (Blackwell) est à quelques centaines de mètres. Une fois que nous atteignons la station à 3h30 du matin, je me met à grelotter vigoureusement. La pluie et la fraîcheur m'ont plongé dans un état d'hypothermie! Je change alors de chandail, je bois une bonne soupe chaude et ma mère me réchauffe à l'aide d'une couverture de laine (Merci Maman). Le bénévole en chef de la station me dit que la pluie diminue beaucoup et qu'il peut même entrevoir la lune. Bon signe! Il me voit grelotter et me demande: Go On or Go Home? Je lui répond Go On! Pas question d'abandonner rendu à 125 km, si près du but (et si loin à la fois).

Je savais qu'une bonne montée m'attendait après la station et que cela me permettrait de me réchauffer. Après une quinzaine de minutes de pause afin de me réchauffer, je repars mais cette fois en solo. Je ne manque pas de remercier Sean pour son aide précieuse et son support.

Station # 14 (Blackwell) à Station #15 (Sky Top) (Mile 82.6 = 132.9 km):

Je repars sur une route de terre et après environ 200 mètres, je traverse un petit pont et bifurque directement dans les sentiers pour ce qui sera la plus longue montée de la course (4.4 Miles) menant à la très attendue Station Sky Top et également au point le plus élevé du parcours. La montée se fait bien et je me réchauffe rapidement. La soupe m'a fait le plus grand bien!

La longue montée s'entrecoupe de certaines sections qui se courent bien avec des petites descentes. Je fini par arriver à la Station Sky Top un peu avant 5h du matin. Il fait encore noir! Un chemin de lumières de Noël nous amène à cette station chaleureuse. Je m'asseois quelques minutes pour prendre quelques gorgée de soupe et un verre de coke. Brian, un bénévole de la station remplit gentiment mon sac d'hydratation puisque la prochaine section est de 8.4 Miles (la plus longue du parcours).

Je fini par repartir et le soleil ne tardera pas à se montrer le bout du nez.

Station #15 (Sky Top) à Station #16 (Barrens) (Mile 91 = 146,4 km):

Cette section s'amorce avec une légère descente qui se court bien. J'alterne course et marche puisque la fatigue commence à se faire sentir. Lorsque le soleil se lève, je me met à bailler aux corneilles et le manque de sommeil commence à m'affecter. Normal après 25 heures de course! Cet état fini par passer.

J'aborde ensuite une très longue montée graduelle sur un chemin de 4 roues et je décide de la marcher en majorité mis à part quelques sections plates et descendantes. Nous retournons ensuite dans le bois.

Un peu d'arriver avant la station du Mile 91, je croise un coureur et son pacer et ça ne semble pas vraiment être la joie. Le pacer blâme son coureur puisqu'il marche trop selon lui... Assez spécial comme situation!

Cette section a vraiment été interminable et je fini par arriver au ravito en compagnie du duo. Une fois arrivé à la station, le coureur en a assez de son pacer et dans une scène dramatique et divertissante, il le vire: You're fired! Le pacer repart seul en courant! Je trouve la situation assez cocasse! Je profite de cet avant-dernier ravito pour manger un grilled cheese en guise de déjeuner.

Station #16 (Barrens) à Station #17 (Hacketts) (Mile 97,1 = 156,2 km):

J'aborde l'avant dernière section grilled cheese en main et je jase un peu avec le coureur qui vient de licencié son pacer. Il m'explique qu'il ne peut plus supporter le fait que son pacer le blâme pour marcher trop longtemps (et il a raison). Il est normal qu'après plus de 27 heures de course et plus de 130 km dans les pattes, la marche prenne une place plus importante au profit de la course.

Il poursuit son chemin et semble littéralement en feu, lui qui avait mal aux jambes avant le ravito. Je le laisse filer et je fais ma propre course. Cette section s'est très bien couru mais m'a également paru longue et vers la fin mes mollets et mes quadriceps commençaient à se contracter alors j'ai décidé de marcher plus longtemps et j'ai diminué mes portions de course.

Je fini par rejoindre le dernier ravitaillement un peu avant 10h30. Je sais pertinemment que terminer en-dessous de 30 heures n'est plus possible et ça ne me dérange pas une miette car je vais quand même bientôt finir mon plus grand défi sportif à vie!

En arrivant à la station, un bénévole me demande ce que je veux. Je lui répond: THE Buckle (en parlant de la boucle de ceinture qui est remise aux finissants de l'épreuve). Il part à rire et me dit que dans 3 Miles encore, je vais l'avoir la boucle de ceinture. Je prend un verre de coke et je repars. À ce stade, je n'ai pas très faim et la dernière section avant l'arrivée n'est que 6 km de long.

Station #17 (Hacketts) au FINISH! 

Le début de la section se coure bien et les descentes sont assez graduelles. J'alterne tout de même course et marche. Au milieu de la section, il y a de petites côtes que je marche, tout en pensant à mon arrivée qui s'en vient assez rapidement.

La fin de la section est marquée par des formations rocheuses impressionnantes (en strates) reconnues pour abriter des serpents à sonnette alors je garde l'oeil ouvert mais je n'en vois aucun. Les dernières descentes sont particulièrements à pic et mes quadriceps sont raides mais me permettent quand même de courir.

Je croise des spectateurs qui m'applaudissent et me disent: 1/2 Mile. Un peu plus loin, un autre spectateur me dit: 1/4 de Mile (quart de mile composé d'une descente très ardue). Au bas de cette descente, je croise la route et il ne reste que quelques centaines de mètres jusqu'à l'arrivée.

À ma grande surprise, Sean mon pacer m'attend l'autre côté de la route. On se serre la main et il me félicite. Je bifurque sur un espace gazonné et plus que 200 mètres à faire. J'accélère le rythme puisque je vois les chiffres sur l'horloge: 30 heures 19 minutes 48 secondes, 49 secondes, 50 secondes... Je me dis que je peux finir sous les 30 heures 20 minutes et j'accélère encore, ce qui, on s'entend, est complètement ridicule à la fin d'une si longue épreuve.



Je croise finalement l'arrivée en un temps de 30 heures 19 minutes 58 secondes. Je me sens merveilleusement bien et je serre mes parents dans mes bras, eux qui ont passé la journée à me suivre et à m'aider! Je reçois mon manteau de Finisher ainsi que la tant attendue boucle de ceinture (voir image en haut).

Je termine ainsi 28ème sur 72 coureurs. 88 coureurs ont abandonné l'épreuve (taux d'abandon de 55%). Je suis donc un survivant, en quelque sorte.

Nous repartons ensuite pour le chalet où une bonne douche m'attend.

Stéphane avec qui j'ai eu la chance de courir le début de course a terminé en un temps de 34 heures 15 minutes son premier 100 Miles. Un gros bravo pour ta persévérance et ta détermination!

Un gros merci à mes parents, mon coach Éric Deshaies pour une planification incroyable, à Bernard Audet de la boutique Jog-X pour des conseils d'expert, à Raid-Light pour des vêtements d'une grande qualité et d'un grand confort.

J'aurai l'occasion d'affronter de nouveau cette distance insensée le 11 octobre prochain au Oil Creek 100 qui a lieu aussi en Pennsylvanie. Pour maintenant, récupération et repos avant le retour au travail!


Commentaires

  1. Bravo Vince! Très inspirant ce récit, je partage avec mes athlètes!

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  2. Très inspirant ton aventure. J'espère pour voir te croiser au UTHC en septembre!

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  3. Bravo Vincent!! La prochaine fois, publie-le directement sur mon mur, ça m'évitera d'engager un détective privé pour trouver ton récit!! :)
    Toutes mes félicitations! Ça me donne le gout d'y penser...

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